Je respecte la règle ou je garde le lien?
Qui n'a pas dit, un jour ou lʹautre, usé par la demande répétitive de son enfant « Allez, mange‑le ton bonbon », alors que c'est lʹheure du repas?
Qui n'a pas au moins une fois, après avoir prévenu de la sanction, devant lʹair penaud de son interlocuteur, conclu la situation dʹun compatissant « Allez bon, cʹest bon pour cette fois mais gare à toi, si tu recommences! ».
Qui n'a pas dit, un jour ou lʹautre à son conjoint, « Allez bon, invite les Trucmuche si tu y tiens », alors qu'ensemble, nous avions décidé de mettre une distance plus grande avec eux.
Qui n'a pas dit, un jour ou lʹautre, quelque chose du style « D'accord, si tu y tiens, on laisse les enfants partir en vacances avec tes parents »; pourtant, dans une discussion récente, nous étions d'accord pour désapprouver leurs attitudes éducatives avec nos enfants.
Qui n'a pas acheté les friandises demandées 25 fois en 5 minutes, un jour ou lʹautre, faisant la queue au supermarché avec ses enfants, pour avoir la paix après avoir dit non 24 fois?
Combien de fois avons-nous accordé à lʹautre ce que nous lui avions refusé dʹabord?
Combien de fois avons-nous, en voulant comprendre lʹacte posé par lʹautre,
excusé celui-ci et oublié de marquer le « stop »?
Bien sûr, il n'est pas interdit de changer d'avis. Sauf que.
Dans ces situations bien banales et quotidiennes:
-
- quand nous cédons pour faire plaisir à l'autre,
- quand nous cédons parce qu'ils ne comprendrait pas,
- quand nous cédons pour que la relation soit nourrie, alors
Nous substituons la le lien à la loi.
Cela signifie que nous les avons opposés l'un à l'autre. Cela revient à dire que si tu mets une règle, c'est que tu ne m'aimes pas, que tu ne tiens pas à la relation, que tu le fais contre moi ... "Si tu me mets une limite, c'est que tu ne tiens pas à moi."
La protection de la loi devient confondue avec de la répression.
Combien de personnes, ayant vécu cette confusion, n'osent plus, maintenant, interdire, mettre des limites, se faire respecter?
On excuse en voulant comprendre.
Et celui qui met une limite est vécu comme répressif, critique, traumatisant.
La limite, la sanction, le ʺstopʺ, le ʺnonʺ sont exclus du tableau, par crainte de ʺtraumatiserʺ. Or l'absence ou la déficience de limites conduit à un excès de permissivité et en conséquence à l'absence de repères, légitimant la toute-puissance de la personne.
Oublier les obligations à côté des droits, les limites à côté des désirs, la loi comme complémentaire du lien, c'est laisser vide un pan dont on a besoin. Chacun a besoin de rencontrer le mur qui marque le bout de sa liberté et le début de celle d'autrui: cela nous aide à trouver un frein à notre toute-puissance, à structurer nos relations au monde qui nous entoure et contribue à la sécurité interne.
Si dès l'âge de la motricité naissante, où je découvre que je peux me déplacer, où mon univers par conséquent s'élargit, personne ne limite mon déplacement, j'envahis le territoire de l’autre, apprenant ainsi le non respect de lʹautre. Par contre, si je me trouve confronté à la fonction paternelle, qu'elle soit signifiée par un homme ou une femme, je peux après la première réaction de fureur, m'appuyer sur ces repères pour structurer mon environnement et fortifier ma sécurité interne: de la même manière que déjà, bébé, je me sentais rassuré par le contour de mon petit lit; comme plus tard, adolescent, je pourrai le faire en me confrontant aux positions de mes proches. L'enfant à qui l'on n'a pas dit, dans les circonstances qui le nécessitent, "Que tu le veuilles ou non, là c'est stop" n'a pas intégré que certains actes et certaines attitudes ne peuvent pas passer. Si la confrontation aux limites lui est retirée, il devient l’enfant-roi, lʹenfant-idole qui se transforme en enfant-tyran, légitimant ses exigences de plus en plus nombreuses par le ʺje le veux donc, j'y ai droitʺ. Il ira chercher la limite ailleurs, à l'extérieur de son cercle habituel, quitte à escalader en "poussant le bouchon de plus en plus loinʺ, jusquʹà l'extrême dans les actes déviants, en cherchant la limite dans la rue ou encore, en maltraitant ses parents qui, dépassés, accepteront le rôle de victime.
Article inspiré de Véronique SICHEM
Or quand on a pas de limites .... On va les chercher! Quitte à aller les chercher de manière extrême.
Chaque manager devrait pouvoir avoir l'occasion de réfléchir à ces concepts, pour assumer pleinement leur posture de responsable, pour pouvoir maintenir le cadre ET renforcer le lien.
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